Emotion en Bavière : depuis trois mois la police et les chasseurs traquent en vain Yvonne, la vache qui a pris la poudre d’escampette. La bête de la race allemande Fleckvieh se cache dans les bois et sous-bois de la petite commune de Zangberg. Très futée, elle arrive à déjouer les ruses de ses poursuivants. L’incompétence des autorités amuse les Bavarois, mais aussi les médias européens, américains et canadiens.

Yvonne, âgée de sept ans, a grandi en Autriche et aurait dû encore prendre quelques kilos dans un pâturage bavarois avant de finir à l’abattoir. Elle a échappé à son triste sort en décampant quand l’occasion était propice. Apparemment l’air bavarois lui a donné le goût de la liberté. Elle a eu toutefois des démélés avec la police quand elle a traversé une route provinciale sous les yeux des agents. A cause du risque qu’elle présente pour les automobilistes, leLandratsamt, administration de l’arrondissement rural, de Mühldorf am Inn a ordonné l’abattage du péril bovin.

Entre-temps l’initiative de protection des animaux Gut Aiderbichl, de Salzbourg, a acheté la vache. L’initiative permet à des centaines de bovins âgés de terminer leurs jours dans ce qu’elle appelle des fermes de grâce.

Le gérant de l’initiative, Hans Wintersteller, tente actuellement de sauver Yvonne des "policiers et braconniers", comme il l’affirme. Au fil des semaines il est devenu une célébrité. Quatre à cinq équipes de télévision l’accompagnent dans la forêt où se cache la bête. Son GSM n’arrête pas de sonner et il donne une interview par quart d’heure.

L’affaire n’est pas qu’une comédie. Les Bavarois déplorent toujours qu’en 2006 des chasseurs aient, sur demande des autorités, "assassiné", comme l’écrivaient les journaux de l’époque, l’ours Bruno venu d’Italie.

Wintersteller est fasciné par Yvonne. "C’est la vache la plus intelligente que j’ai jamais connue", confie-t-il à la "Frankfurter Allgemeine". En tout cas, jusqu’ici tous les stratagèmes qu’il a imaginés pour la capturer, ont échoué. Il a amené sa sœur Waltraud et son veau Friesi sur le pâturage tout proche pour la faire sortir du bois. En vain. Il a aussi fait appel à Ernst, un bœuf pesant une tonne. Ernst beugle à pleins poumons, mais Yvonne l’ignore superbement.

Pourtant, Ernst a de belles boucles noires et bien qu’il soit châtré, il a apparemment toujours un ascendant sur le sexe opposé. "Mille kilos d’érotisme", titre un tabloïd. Dans un wirtshaus (troquet) voisin, un habitant ricane : "Quelles singeries pour une vache". Un rigolo a tendu une banderole : "Ici vivent des centaines de bêtes à cornes (comprenez idiots) et une vache".

Récemment Wintersteller et des journalistes ont battu la forêt. Tout ce qu’ils ont trouvé était de la bouse de vache. Le lendemain, quand le premier a refait le chemin, il a constaté aux traces qu’elle a laissées que dans son astuce Yvonne les a suivis à distance.

Faut-il se faire des soucis qu’elle meure de faim et de froid dans la solitude ? Non, répond le professeur Jörg Hartung, directeur de l’institut d’hygiène et de protection animale de l’université vétérinaire de Hanovre, Yvonne est"récupérable", les bovins étant des bêtes de troupeau et non pas des solitaires.

Un jour ou l’autre elle sortira du bois, dit-il. De plus, les vaches de la race Fleckvieh sont robustes, elles vêlent même à 20 degrés sous zéro. Ernst, poursuit-il, ne sera entendu que quand Yvonne sera en chaleur, et pour qu’il la trouve, il faudra le lâcher à son tour.

Source:Lalibre.be 

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